Chers Internes, Chers Amis,
L’ISNAR-IMG vient de s’engager dans un « front généraliste » avec le CNGE, MG France, REAGJIR, le SMG, le SNEMG, le SNJMG, et l’USMCS. Mais pourquoi ?
Rappel des faits :
- Depuis la mise en place du gouvernement AYRAULT, Marisol TOURAINE, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, a tenu ses engagements en matière d’incitation. L’ISNAR-IMG a pu, de surcroît, participer à l’ensemble des discussions portant sur la médecine générale.
- Eté 2012, nous avons été officiellement observateurs lors des négociations conventionnelles de l’été 2012.
- Décembre 2012 : Nous avons été écoutés lors de la présentation du Pacte Territoire Santé avec la mise en place des référents installation dans chaque région, la garantie d’un stage en médecine générale pour tous les étudiants en 2nd cycle et la création des PTMG.
- Automne 2012 : Suite au mouvement de grève, un groupe de travail sur les conditions de travail des internes a vu le jour avec des avancées significatives pour nous, internes de médecine générale : doublement des bourses d’année-recherche, revalorisation de la prime de sujétion pour les internes de 1ère et 2ème années, création d’une prime de transport pour les stages ambulatoires, création d’une prime de responsabilité pour les internes en SASPAS. Ces primes devraient être effectives pour la rentrée de novembre 2013. Nous attendons actuellement les décrets d’application.
Un manque criant d’enseignants !
Du côté du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, le bilan est moins bon. Le nombre d’enseignants dans les DUMG est ridiculement bas. Les conséquences pour nous sont bien visibles : peu, voire pas d’enseignement sur un certain nombre de sujets indispensables pour permettre l’installation à la sortie des études (création et gestion de cabinet, de pôle et maison de santé pluri professionnels, inter professionnalité, fiscalité, couverture sociale en exercice libéral). Autant de sujets qui, maîtrisés, nous permettraient d’envisager plus sereinement une installation à la sortie de l’Université. Il existe dans certaines régions des difficultés à trouver des directeurs de thèse et à être encadrés pour leur réalisation.
Par ailleurs, les enseignements hors stages doivent se multiplier et devraient être gradués en fonction de l’avancée dans l’internat. Les attentes d’un interne de 1er semestre ne peuvent être les mêmes que celui d’un 6e semestre. Ces enseignements ne doivent pas être uniquement théoriques, nous devons être mis en situation via des ateliers pratiques ou des simulations. La loi HPST de 2009, dite « loi Bachelot », prévoyait la création de 50 postes de chefs de clinique, 30 de Maîtres de Conférence et 20 de Professeurs des Université en Médecine Générale par an pendant 4 ans.
Certes, ces chiffres semblaient difficiles à atteindre. Mais aujourd’hui le constat est que nous ne pourrons pas améliorer notre formation avec si peu d’enseignants. Actuellement, il existe environ 300 enseignants universitaires en médecine générale pour un total de 5500 enseignants toutes spécialités confondues. Ce qui représente donc un enseignant pour 107 internes dans notre spécialité.
Jusqu’à aujourd’hui, le gouvernement et les Doyens font la sourde oreille et refusent de nommer plus d’enseignants. Certes, les 10 chefs de clinique qui n’avaient plus de poste en début mai 2013 ont été prolongés via la création d’enveloppes budgétaires dédiées. Mais les 6 dont les contrats se finissent en octobre sont sans nouvelle d’une solution pérenne pour leur situation. Il n’existe pas, à ce jour, de statut intermédiaire créant un fossé bien trop large entre le statut de Chef de Clinique Universitaire (CCU) et celui de Maître de Conférence Universitaire (MCU).
Soutenons la filière universitaire de médecine générale (FUMG)
Pour devenir MCU, les chefs de clinique doivent passer un concours comportant la publication d’un certain nombre d’articles indexés. Faute d’être MCU, ils perdent tout financement pour pouvoir enseigner et faire de la recherche. Cette situation a des conséquences inévitables sur l’attractivité de la filière universitaire et certains chefs de clinique arrêtent, découragés. De plus, le manque d’enseignants est certainement un facteur qui les empêche d’inclure très tôt, dans des programmes de recherche, les internes intéressés par la FUMG.
Trop peu d’entre nous présente des dossiers de candidature d’année-recherche, voie royale, pour se former à la recherche, et ceux acceptés sont encore plus rares !
Là encore le Ministère de l’Enseignement Supérieur reste silencieux et ne donne pas les moyens nécessaires pour que les enseignants nous y sensibilisent et nous encadrent dans nos projets.
Cet été, l’ISNAR-IMG s’est associée avec l’ANEMF, REAGJIR et le SNEMG pour communiquer par voie de presse sur le sujet. L’ISNAR-IMG a adressé des courriers aux Députés et Sénateurs pour les sensibiliser au problème. Ensemble, nous avons demandé à être reçus à l’Elysée mais la réponse qui vient de nous parvenir est négative.
Le rapport Cordier : des avancées intéressantes !
En janvier 2013, le Premier Ministre, Jean-Marc AYRAULT, a confié à Alain CORDIER la coordination d’un « Comité des Sages » ayant pour mission de rendre un rapport sur la stratégie nationale de santé. Rapport qui a été divulgué de façon officieuse par la presse à la mi juillet. Nous aurons une réponse du gouvernement le 23 septembre lors de sa présentation officielle.
Nous avons lu et analysé ce rapport dont vous trouverez une version complète en pièce jointe, et ses principales recommandations concernant la médecine générale en annexes.
Ce rapport propose des pistes de réflexion sur la stratégie nationale, dont certaines sont déjà défendues par l’ISNAR-IMG notamment concernant la formation.
Il insiste lourdement sur la nécessité d’avoir dans un même territoire une organisation entre les soins hospitaliers et ambulatoires pour inscrire les patients qui le nécessitent dans un réel parcours de soins coordonnés. Les équipes de proximité médicales, médico-sociales et hospitalières doivent communiquer et travailler ensemble sur un même territoire.
Les modalités de tarification de la médecine ambulatoire doivent être revues.
La forfaitisation de la prise en charge par les équipes doit se développer. La rémunération par objectif de santé publique doit émerger davantage. La pertinence des actes doit être évaluée.
Concernant la formation, la réflexion doit se faire à l’échelle régionale sur des objectifs territoriaux. La formation à des métiers et services d’interventions à domicile doit voir le jour. Le SASPAS doit devenir obligatoire pour les internes de médecine générale. Il est bien établi que le nombre d’enseignants chercheurs et de chefs de clinique dans notre discipline doit être augmenté nettement.
Suite à ce rapport et à la non réponse du gouvernement, le « front généraliste » s’est créé pour émettre des avis communs sur le tournant qui devait s’opérer avec la stratégie nationale de santé proposée dans ce rapport.
Ceci dans un seul but : rendre notre système de soins primaires plus efficient pour les patients. Nous nous exprimerons lors d’une conférence de presse commune qui se tiendra le 19 septembre. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des avancées de ce dossier.
L’ISNAR-IMG reste à votre disposition pour toutes questions, remarques, interrogations.
Amicalement,
Pour le Bureau de l’ISNAR-IMG,
Julien POIMBOEUF, Président